Mai 67 (Laffont, 3 avril) by Schneck Colombe

Mai 67 (Laffont, 3 avril) by Schneck Colombe

Auteur:Schneck, Colombe [Schneck, Colombe]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman
ISBN: 9782221114421
Éditeur: Robert Laffont
Publié: 2014-04-25T04:00:00+00:00


Je passe une semaine de vacances à Nice, en juin 63.

Avec l'argent gagné dans le meuble, j'ai invité ma mère au La Pérouse, un hôtel du vieux Nice.

Elle avait quitté Oujda, vivait seule à Neuilly-sur-Seine dans un petit appartement, recroquevillée sur elle-même, refusant de fréquenter les anciens du Maroc, ses amies du Club des sports d'Oujda.

Mon père lui envoyait une pension, son unique refuge était la lecture.

Du Barbara Cartland.

Boulevard du Roule, un libraire où elle se fournissait en romans sucrés l'avait repérée.

L'assurant que Barbara Cartland avait réduit son rythme de parutions et qu'il n'avait rien de nouveau à lui vendre, il lui faisait découvrir de nouveaux auteurs.

À Nice, allongée sur son transat, elle lit Rebecca de Daphné du Maurier.

Le soir, nous prenons nos habitudes au restaurant La Camargue1.

C'est là que je rencontre Renée Lichtig.

Elle est en vacances avec sa jeune sœur.

Cela doit l'amuser, un jeune type qui dîne tous les soirs avec sa mère. Elle aussi a ses habitudes à La Camargue.

Elle parle à tout le monde. Sa sœur est toujours silencieuse.

Nous faisons connaissance. Je lui raconte les salles de cinéma d'Oujda, Lauren Bacall et Humphrey Bogart, Le Port de l'angoisse. Elle me raconte son travail de monteuse, elle a remonté La Grande Illusion avec Jean Renoir, elle me parle de la Cinémathèque, me cite des milliers de films que je n'ai pas vus. Je me lance, je cherche du boulot dans le cinéma, n'importe lequel.

« Tu connais quoi ? C'est quoi, ton secteur ?

— Le vêtement. »

Elle propose de me présenter un producteur, Gilbert de Goldschmidt. Il fréquente lui aussi la Cinémathèque. Il paraît qu'il cherche un assistant costumier.

En rentrant à Paris, je prends rendez-vous avec lui et je deviens un habitué de la rue d'Ulm, des soirées cinéphiles chez Renée dans son appartement de cette rue en coude, derrière Le Select à Montparnasse et dont le nom m'échappe.

Mon salaire sera divisé par trois, mais je vais travailler dans le cinéma.

Je l'annonce à mon père, il est furieux.

« Tu gâches ta vie, tu as vingt-cinq ans, tu n'es pas marié et tu n'as plus de vrai boulot ! »

Ma mère ne dit rien, comme d'habitude. Elle lit, de Daphné du Maurier, grâce au libraire de l'avenue du Roule, elle est passée à Jane Austen.

Le premier film sur lequel je travaille, grâce à Renée, a un drôle de titre, Coplan FX 18 casse tout, une histoire d'espionnage et de philosophes réfugiés politiques.

Puis Gilbert de Goldschmidt m'engage sur Les Demoiselles de Rochefort. En mai 67, tout est simple.

Sur le tournage des Demoiselles, je travaille comme assistant d'une des costumières, Jacqueline Moreau. C'est un travail merveilleux, un des premiers films tournés en couleurs et en cinémascope. Jacqueline Moreau m'apprend à assortir les couleurs, les roses, les jaunes, à chercher partout la gaieté. Elle m'envoie au Mouton à cinq pattes, la solderie de la rue Saint-Placide, chez les couturiers, au marché Saint-Pierre. Elle adore, comme Jacques Demy, la robe en paillettes rouges de Marilyn Monroe dans Certains l'aiment chaud. Elle la fait reproduire pour Françoise Dorléac et Catherine Deneuve.



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